Les experts de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ACERP) livrent les tendances qui ont bouleversé l’usage du numérique en 2018 : quel équipement fait l’unanimité ? Quel impact a eu la mise en application du RGPD ? Quels usages plafonnent, quand d’autres font le plein d’opportunités ? Testing digital vous propose de découvrir les éléments essentiels mis en lumière par cette nouvelle étude.
2018 : L’apogée de la tendance mobile first
Le Smartphone devient l’équipement n°1 des français
Dans la course à la digitalisation des usages, le smartphone confirme cette année, sa situation d’équipement privilégié les Français pour se connecter à internet.
En 2018, 3 personnes sur 4 ont l’usage d’un smartphone (75%, + 2 points par rapport à 2017) et 61 % des mobinautes se connectent à internet via la 4G.
Plus généralement, près de la moitié des Français utilise en priorité un mobile pour accéder au réseau internet (46%, +4 points en un an). Cette évolution paraît logique dans la mesure où le taux d’équipement en smartphone progresse au sein de toute la population. Ainsi, de plus en plus de Français se retrouvent avec un outil connecté dans leur poche, leur permettant d’avoir accès en tout heure et lieu à internet.
Cette évolution se fait mécaniquement au détriment des connexions sur ordinateur, qui est utilisé maintenant par seulement 35% de la population (en recul de 3 points). Les connexions par tablette et télévision sont stables (respectivement privilégiés par 7% et 1% de la population).
Cette évolution des équipements sont principalement portées par une population jeune (98% des 18-24 ans possèdent un smartphone, 86% utilisent la 4G et 83% utilisent le smartphone pour se connecter à internet), et les profils socio-professionnels élevés (92% des cadres utilisent un smartphone contre 79% pour les ouvriers).
Nouvelles tendances, nouveaux usages
Si les usages sur mobile sont très diversifiés, en 2018 on observe principalement deux tendances émergentes : une hausse de l’utilisation des mobiles durant les voyages et une forte augmentation de l’utilisation des applications de messagerie.
Le mobile, mon compagnon de voyage
La première s’explique par l’arrêt des frais d’itinérance (« roaming ») depuis juin 2017. En un an, les personnes équipées qui se déplacent au sein de l’Union européenne sont beaucoup plus nombreuses à utiliser leur téléphone (78%, + 9 points). Aussi, lors de leurs déplacements en Europe, 32% des personnes équipées ont utilisé la connexion internet de leur téléphone mobile cette année, contre 24% seulement l’an dernier.
Pour les français interrogés, le mobile est en train de changer leur rapport au voyage. Avant, le smartphone sert d’outil à la planification du séjour. Une fois sur place, il devient polyvalent et se transforme en source d’informations et d’aide à la logistique. Il n’est plus question d’éteindre son téléphone mobile puisqu’il devient le premier canal par lequel on partage son expérience sur les réseaux sociaux. Autant de nouveaux usages qui donneront lieu à de nouveaux services dans le domaine du tourisme.
La relation client à l’ère de la messagerie instantanée
Les messageries instantanées quant à elles, séduisent un nombre croissant d’utilisateurs, avec des taux de progression très élevés : 53% des Français communiquent en envoyant des messages textes par ce biais (+ 10 points en un an).
Pourquoi un tel engouement ? Leur succès s’explique au départ par des raisons financières. aujourd’hui la majorité des applications de messageries instantanées sont gratuites. Mais au delà de leur gratuité, il y a également une dimension communautaire : les messageries instantanées fédèrent les utilisateurs par affinités et par effet de mode. En effet, on a tendance à utiliser la même application que ces amis pour pouvoir les joindre plus facilement. Comment les marques peuvent-elles trouver leur place dans ce nouvel écosystème basé sur la conversation ? Elles semblent avoir trouvé la réponse en créant un nouveau service : le chatbot conversationnel.
Le taux d’équipement en ordinateur et tablette en baisse
Autres enseignements de ce baromètre du numérique 2018 : pour la première fois cette année, le taux d’équipement en tablette régresse pour s’établir à 41 % (-3 points par rapport à 2017).
Une tendance que l’on peut expliquer par l’apparition sur le marché de smartphones avec des écrans toujours plus grands (iPhone XS max, Samsung S9+ ou Note 9…). Une évolution de taille qui induit un confort d’utilisation comparable à celui d’une tablette numérique. Aussi, afin d’éviter l’effet “double emploi”, les smartphones “flagship” s’imposent face aux Ipad Galaxy Tab et autres modèles de la gamme.
Si le nombre de Français qui déclarent posséder un ordinateur est lui aussi en baisse (78 % en 2018, contre 81 % en 2017), l’équipement smartphone – ordinateur redevient celui privilégié par les Français. En effet, ces deux équipements sont a priori les produits les plus complémentaires avec des fonctionnalités qui peuvent difficilement se substituer les unes aux autres.
Les Français un peu moins inquiets : un effet du RGPD ?
Le niveau d’inquiétude reste élevée par rapport l’utilisation de leur données personnelles
À de multiples occasions, les Français ont fait part de leurs craintes devant l’insuffisante protection de leurs données personnelles sur internet. En 2018, la préoccupation des internautes au sujet de la protection de leurs données personnelles sembla avoir passé un cap, puisqu’elle est désormais considérée par 40 % des Français comme le principal frein à l’utilisation. Un chiffre qui grimpe à 43% pour la seule population des internautes.
Si 23 % des Français estiment que le RGPD va permettre une meilleure protection des données personnelles, cela ne semble pas avoir d’impact sur le e-commerce. Si une meilleure protection des moyens de paiement peut expliquer une légère augmentation de la fréquence d’achat en 2018, la proportion de Français qui réalisent des achats sur internet se stabilise à 61%.
Les français ne sont pas prêts à renoncer à la gratuité sur internet
Rare sont les Français prêts à renoncer à la gratuité sur internet, même lorsqu’il s’agit de la gestion de leur propre data. 13%, seulement, se disent prêt à payer pour assurer la protection de leurs données personnelles, la majorité (34 %) préférant avoir accès à un contenu restreint en échange de cette garantie. Dans le contexte de la gratuité sur internet, un échange de bon procédé est également envisageable entre les acteurs du digital et les internautes. En effet, pour éviter qu’un service internet gratuit ne devienne payant, une minorité se dit prête à partager sa géolocalisation (22%) ou à livrer des informations sur ses goûts et ses préférences (22%).
Le plafond de verre des réseaux sociaux et pratiques collaboratives ?
Les réseaux sociaux ne gagnent pas de public
La participation aux réseaux sociaux reste inchangée par rapport à 2017 : elle stagne à 59 %. Pour la première année, les réseaux sociaux n’engagent pas d’utilisateurs supplémentaires, signe – peut-être – de la saturation de la population pour cette pratique qui aurait ainsi atteint ses limites. On observe que la propension des jeunes à participer aux réseaux sociaux est en forte baisse : la proportion de ceux qui sont membres d’un réseau social passe de 84% à 76%.
Les pratiques collaboratives marquent le pas
Si l’échange ou le partage sans rémunération de biens ou de services gagne 2 points (8%), l’offre contre rémunération à des pairs de biens ou de services s’émousse légèrement (12% contre 13% l’an dernier), tout comme le recours à de tels usages auprès de particuliers (20%, contre 22% l’an dernier). Au total, 27% des enquêtés revendiquent l’une ou l’autre de ces pratiques collaboratives (- 1 point par rapport à l’an dernier).
Que retenir de ce baromètre 2018 ? Aujourd’hui, la France compte 89% d’internautes. 8 Français sur 10 se connectent quotidiennement à internet, en privilégiant le smartphone. En effet, le mobile est aujourd’hui l’équipement le plus utilisé pour accéder à internet, à tel point qu’à domicile les connexions en 4G devancent les connexions via le wifi. Stables, les achats en ligne comme les échanges sur les réseaux sociaux où les pratiques collaboratives ne progressent plus. Enfin, un sujet semble émerger cette année : celui de la santé.